Changer de regard sur le féminisme
Des idées reçues persistent, dépeignant les féministes comme anti-hommes, moralisatrices ou hystériques. Cela participe à empêcher certaines personnes de comprendre ce qu’est le féminisme et/ou de s’identifier comme féministes. Même celles et ceux qui se disent en faveur de l’égalité des genres et des droits des femmes, n’osent pas toujours se dire féministes. Explorons ça ensemble.
1- Comprendre le mot « féminisme«
Le féminisme englobe une variété de mouvements qui ont évolué au fil du temps, reflétant différents courants de pensée et s’inscrivant dans de nombreux contextes historiques. Les mouvements féministes sont souvent associés à des personnalités marquantes. Vous connaissez peut-être : Simone de Beauvoir, Bell Hooks ou encore Malala Yousafzai.

1-1 Histoire du mot « féminisme » en France
Le mot « féminisme » est né au 19ème siècle. Ce terme, créé vers 1870, appartient à l’époque au langage médical. Il est utilisé pour décrire un arrêt de développement et un manque de virilité chez certains hommes. Ce terme est associé à une pathologie : la féminisation des hommes. Selon la professeuse d’histoire Christine Bard, ce sens originel n’est pas sans importance, surtout quand on considère à quel point les féministes ont été décrites comme des femmes « masculines ».
En 1872, l’écrivain Alexandre Dumas Fils utilise ce terme avec un sens politique. Mais le sens de ce mot est toujours péjoratif. Le mot « féminisme » est associé à une pathologie sociale. Ce n’est qu’en 1882, grâce à Hubertine Auclert (journaliste, écrivaine, militante) que le terme « féminisme » est utilisé pour définir l’égalité des sexes.
Un siècle plus tard, le féminisme est associé au Mouvement de Libération des Femmes (MLF) qui a vu le jour officiellement en 1970. L’objectif du MLF est de combattre toutes les formes d’oppression et de misogynie subies par les femmes.
1-2 Le sens du mot « féminisme » aujourd’hui
Aujourd’hui, je pense que c’est plus juste de parler des féminismes et non d’un seul et unique féminisme.
Il n’existe donc pas une seule et unique définition :
- Le féminisme est un mouvement qui vise à promouvoir et atteindre l’égalité entre les sexes, à éliminer les discriminations basées sur le genre et à reconnaitre les droits des femmes dans tous les aspects de la société.
- Ensemble de mouvements et d’idées philosophiques partageant un même but : promouvoir et atteindre l’égalité politique, culturelle, économique sociale et juridique entre les femmes, les hommes et toutes les minorités de genre.
- Un mouvement militant pour l’amélioration et de l’élargissement du rôle et des droits des femmes et des personnes *LGBTQIA+ dans la société.
Chacun·e peut se définir comme féministe selon ses propres expériences et selon ses connaissances sur le sujet. Pour moi, le féminisme a pour but d’inclure toutes les personnes qui subissent des formes d’oppression ou de discriminations en lien avec leur sexe et leur genre : femmes et personnes LGBTQIA+. Le féminisme vise à ce que chaque personne soit traitée sans distinction fondée sur son identité sexuelle ou de genre.
Depuis les années 2010 jusqu’à aujourd’hui, le combat féministe s’est intensifié dans la sphère intime. Les femmes et personnes LGBTQIA+ utilisent de plus en plus les réseaux sociaux pour dénoncer les violences sexistes, les harcèlements et les inégalités professionnelles qu’elles subissent.
*LGBTQIA+ : Lesbienne, Gay, Bisexuel·le, Transgenre, Queer, Intersexe, Asexuel·le, + (le + intègre les identités non-cis et/ou non hétéros non présentées dans l’acronyme).
2- Pourquoi le mot « féminisme » rebute ?
Le terme « féminisme » a la vie dure car il est souvent mal interprété ou entaché d’idées reçues.
2-1 À cause des idées reçues sur les féministes
Liste non-exhaustive des idées reçues sur les féministes :
- Les féministes n’aiment pas les hommes ;
- Les féministes sont des bourgeois·es ;
- Les féministes sont frustrées, hystériques, insatisfaites sur le plan sexuel, peu attrayantes ou incapables de trouver le bon partenaire ;
- Les féministes sont poilues ;
- Les féministes sont moralisatrices.
Certaines idées sont si répandues qu’elles peuvent dissuader toute identification au féminisme.
Il y a aussi l’idée fausse selon laquelle les féministes ne soutiennent pas les choix individuels des femmes en matière de vie professionnelle ou familiale. Certain·es perçoivent les féministes comme des personnes qui poussent les femmes à poursuivre exclusivement des carrières professionnelles, dévalorisant ainsi les choix de celles qui veulent de se concentrer sur leur famille (par exemple).
2-2 À cause de progrès perçus : le féminisme ne serait plus indispensable aujourd’hui
Il est parfois supposé que la lutte pour les droits des femmes est devenue obsolète, que le féminisme n’est plus nécessaire et que l’égalité entre les sexes est acquise. Mais rappelons nous que pour les femmes rien n’est jamais acquis. « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant » Simone de Beauvoir.
Tristement, les retours en arrière existent, et c’est le cas aujourd’hui : « La montée des nationalismes et des conservatismes s’inscrit dans un contexte de « backlash » contre les droits des femmes et l’égalité de genre. Le terme « backlash » – traduit par « retour de bâton » en français est communément utilisé pour désigner l’action de mouvements conservateurs et masculinistes qui réagissent violemment dès que les droits des femmes connaissent de nouvelles avancées. Ils déploient des stratégies pour non seulement saper ces progrès, mais aussi faire reculer les droits des femmes de façon générale. » (Selon le Rapport « Quand l’extrême droite avance, les droits des femmes reculent – 2024).
En France, comme dans de nombreux pays, ces retours en arrière existent ou tentent d’émerger. La montée de la droite extrême en France s’accompagne de discours antiféministes et traditionalistes. Des figures politiques et des mouvements comme La Manif pour Tous s’opposent régulièrement aux avancées en matière de droits des femmes et de la communauté LGBTQIA+, plaidant pour un retour aux « valeurs familiales » traditionnelles.
Conclusion
Malgré des progrès réalisés (dans certains endroits du monde seulement), les inégalités persistent voire s’aggravent. Les défis auxquels les femmes et les personnes LGBTQIA+ sont confrontées au quotidien soulignent l’importance de l’existence des mouvements féministes et des idées qu’ils portent.
Le féminisme appelle à une prise de conscience et à des actions continues pour créer un monde plus juste et égalitaire pour toustes. Si le féminisme vous intéresse, il existe une multitude d’auteurs·trices, de comptes Instagram et de chaînes YouTube passionnants.
Quelques noms d’autrices féministes contemporaines👇🏼
Mona Chollet, Chimamanda Ngozi Adichie, Éliane Viennot, Virginie Despentes, Leïla Slimani.