Comprendre le sexisme : ce fléau qui progresse

« 92% des vidéos pour enfants présentent des éléments physiques stéréotypés. »

« 80% des femmes consacrent encore plus d’une heure par jour au travail domestique non rémunéré, contre 36% des hommes. »

Ces chiffres, issus du Rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France, offrent une perspective assez précise sur la réalité du sexisme dans le pays à l’heure actuelle. « Loin de reculer, le sexisme s’ancre voire progresse. »

Même si la parole se libère de plus en plus pour informer, sensibiliser et dénoncer le sexisme, il est toujours là et il gagne même du terrain. Bien comprendre le sexisme est la première étape qui permettra de lutter contre.

photo visage femme avec doigt devant la bouche et photo avec 3 points levés

1- Quelques définitions pour comprendre les enjeux du sexisme

Pour saisir pleinement la nature du sexisme, il est crucial de comprendre sa définition et d’explorer les multiples formes qu’il peut revêtir.

Qu’est-ce que le sexisme ?

Il s’agit des attitudes discriminatoires fondées sur le sexe d’une personne. Le sexisme rassemble les préjugés, des croyances et des stéréotypes concernant les femmes et les hommes. Le sexisme repose principalement sur l’idée que les hommes sont supérieurs aux femmes et que cette hiérarchie est souhaitable. De plus, il se base sur l’idée que les femmes et les hommes sont intrinsèquement différents et que ces différences justifient des rôles et des positions socialement assignés.

Les différentes formes de sexisme

Il existe plusieurs formes de sexisme, ce qui le rend parfois difficile à reconnaitre. Les voici :

1- Le sexisme hostile :

Celui-ci est probablement le plus facile à identifier. Il s’agit des attitudes explicitement négatives et/ou dangereuses envers les femmes. C’est le sexisme qui dénigre et méprise ouvertement.

Exemples : les violences physiques, le harcèlement sexuel, les menaces, le rabaissement moral.

2- Le sexisme bienveillant :

Cette forme de sexisme est bien plus subtile que la première. Il se manifeste à travers des comportements et des propos qui attribuent aux femmes des qualités supposément « naturelles » telles que la gentillesse, la douceur et l’empathie, souvent associées à la faiblesse. Le sexisme bienveillant, c’est l’idée que les hommes devraient protéger les femmes, « les traiter comme des princesses ». Partant parfois d’une bonne intention, ces attitudes renforcent l’idée que les femmes doivent tenir certains rôles ou comportements, tels que s’occuper des enfants ou se faire jolie. Le sexisme bienveillant, c’est par exemple, proposer de faire quelque chose à la place d’une femme, en pensant qu’elle n’en est pas capable, car elle est une femme.

Exemples : faire le créneau à sa place, porter une charge lourde à sa place.

3- Le sexisme ordinaire :

C’est le sexisme qui s’immisce partout. Ce sont les blagues sexistes et les clichés. En plus de dénigrer les femmes, le sexisme ordinaire pose un problème majeur en perpétuant des idées fausses qui engendrent des inégalités, lesquelles entraînent des conséquences graves et durables.

Exemples de blagues sexistes : Qu’est-ce qu’une blonde avec de l’eau dans la bouche ? Une cruche ; Quelle est la partie de la voiture la plus dangereuse ? La conductrice.

Exemples de clichés sexistes : les femmes n’ont pas le sens de l’orientation, les femmes sont nulles en math, les femmes ont moins de libido que les hommes, les femmes font mieux le ménage que les hommes.

Exemples de sexisme au travail : « ah oui c’est vrai, j’oubliais qu’on ne peut pas compter sur elle le mercredi » ou encore « je m’efforce de promouvoir les femmes, même si les dossiers sont techniques ».

Pourquoi reconnaître le sexisme ?

C’est important de reconnaître les différentes formes de sexisme, qu’on en soit à l’origine, victime ou spectateur·ice. Pourquoi ? Parce que la persistance de toutes les formes de sexisme est à l’origine des violences faites aux femmes.

Des études ont montré que sexisme hostile et sexisme bienveillant sont liés. Dans les pays où le sexisme hostile est largement répandu, on observe également une prévalence élevée de sexisme bienveillant. Cela indique une connexion étroite entre ces deux formes de sexisme.

2- Le sexisme dans toutes les sphères de la société

Comprendre le sexisme, c’est aussi déceler où il prend racine et comment il s’étend dans différentes sphères de la société : la famille, l’école, le numérique.

Le sexisme dans la sphère familiale

Selon le Rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France, « 70% des femmes considèrent que femmes et hommes ne sont pas traité·es de la même manière dans leur famille ». Pourtant « 41% des parents pensent avoir éduqué leurs enfants de sexe opposé de façon identique ». Le fossé entre ce que déclarent les parents et ce que les enfants ont vécu montre que le sexisme n’est pas vu comme tel. Cela rend le combat contre le sexisme encore plus difficile.

Au sein d’une même famille, la masculinité et la féminité sont assignées très tôt, et sont vues comme étant des différences naturelles, « 36% des Français·es pensent encore que les inégalités sont dues à une différence naturelle ». Le problème de cette pensée ? Celle-ci conduit à une division plus stricte des rôles de chaque individu. Aussi, les caractéristiques et compétences masculines (dites naturelles, mais qui sont en fait des constructions sociales), sont plus valorisées que les caractéristiques et compétences féminines dans notre société.

Le sexisme à l’école

Dans son rapport, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), a relevé la présence de nombreuses inégalités se créant à l’école. Il s’agit notamment :

  • Du partage de l’espace dans la cour. Les garçons occupent l’espace au centre et les filles les périphéries, ce qui est très symbolique.
  • Plus de discrimination envers les filles en lien avec leurs tenues vestimentaires.
  • Les garçons sont plus encouragés à réussir que les filles « ils seront plus souvent sollicités et interrogés, notamment dans l’enseignement des mathématiques ».
  • Dans les livres scolaires, en plus du nombre beaucoup plus important de représentations masculines que féminines, on constate que « plus d’un homme sur quatre est représenté dans une position dominante (statut ou prestige professionnel supérieur ».
groupe de personne manifestant contre sexisme

L’une des conséquences de ces inégalités est que les femmes demeurent souvent sous-représentées dans les domaines prestigieux et porteurs d’emploi. « 74% des femmes déclarent ne jamais avoir envisagé leur carrière professionnelle dans le domaine technique ou scientifique (contre 41% des hommes). »

Une autre conséquence est que les femmes sont plus souvent confrontées que les hommes au chômage et aux emplois précaires.

Le sexisme dans le numérique

Le monde numérique, en particulier les réseaux sociaux, ne se contente pas de diffuser des messages sexistes, il contribue également à renforcer cette culture sexiste qui imprègne notre société.

Le sexisme dans le domaine du numérique, c’est un mélange de violence en ligne, d’images stéréotypées et de contenus pornographiques violents.

Sur les réseaux sociaux, sont diffusés bon nombre de stéréotypes de genre. Selon HCE « 68% des contenus d’Instagram diffusent des stéréotypes de genre » et « sur TikTok, les vidéos dites humoristes sont dominées par des représentations et humiliantes des femmes (42.5%) ».

Concernant la pornographie, selon HCE « Alors que 90% des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes, une partie importante de la population ne les considère pas comme problématiques, voire s’en inspire. » Un pourcentage inquiétant d’hommes ayant visionné du porno pense que quand une femme dit « non » ça veut dire « oui ». Beaucoup d’hommes ayant visionné du porno très tôt, pensent également que c’est normal pour une conjointe d’avoir un rapport sexuel pour faire plaisir à son partenaire, même si elle n’en a pas envie.

Conclusion

En résumé, le sexisme est présent dans toutes les sphères de la vie et il a même tendance à augmenter. Des formes subtiles de discrimination persistent, alimentées par des stéréotypes de genre profondément enracinés. Il semble donc urgent de s’éduquer, de s’informer, de se remettre en question et de parler de ce sujet. 

Pour cela il est tout d’abord essentiel de comprendre le sexisme. Cela permet de le reconnaître et d’admettre que le sexisme persiste dans de nombreux aspects de notre société, malgré les progrès réalisés dans la lutte pour l’égalité des sexes.

Chacun·e de nous a un rôle à jouer dans cette lutte. Cela implique par exemple, de remettre en question nos propres préjugés, de ne plus rester silencieux·ses, ou encore d’adopter un langage non sexiste. Pour celles et ceux qui veulent approfondir le sujet du sexisme, je vous invite vivement à lire Rapport annuel 2024 sur l’état du sexisme en France.

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